…« J’ai eu, vous le savez, un assez grand nombre de « Livres de luxe ». Ils ne se distinguaient des livres courant que par le format, les qualité du papier, japon ou auvergne ou… le choix du caractère et de son corps, la limitation du tirage (parfois nominatif) et l’accompagnement de gravures – bois, lino….
Votre travail m’amène à une tout autre conception du rapport du texte au livre. C’est que le livre prend avec vous une valeur d’objet. On en a assez parlé du livre-objet. L’ennui c’est qu’avec lui le texte disparait, ou du moins n’a plus valeur que de prétexte. Vous m’amenez à une tout autre idée c’est que le livre porte le texte comme un secret – il le cache et le protège – il l’abrite. On croit voir un objet et on reste à cette présence extérieure. Mais non, il en cache une autre. Comme s’il était fait pour, en la cachant, en exalter la valeur. On l’ouvre, autre chose est cachée dedans. Si on l’a cachée c’est donc qu’elle est précieuse. Et en effet, ce que je trouve en ouvrant votre livre c’est une série de textes de moi déjà exaltés par la gravure. Double exaltation: la gravure, le secret. Ce livre dont on aurait pu croire qu’ il prenait le pas sur ce qu’il contenait, au contraire l’exalte. »…
Jean Lescure- (lettre du 12/2001)